"Chopin, Scriabine, Reger… passent comme des ombres fugitives dans ce récital proprement réjouissant.
Le piano de Szymanowski (à l’égal de ses symphonies et de son opéra Le Roi Roger) est un instrument mouvant, d’une densité orchestrale. Le splendide piano Yamaha CFIIIS offre des couleurs rougeoyantes, tantôt massives, tantôt éthérées. Le toucher de Frédéric Vaysse-Knitter réunit les deux composantes essentielles à cette musique : la profondeur et la légèreté. Le jeu perlé, les résonances admirablement contrôlées, puis les déchaînements de passions nous conduisent vers une musique d’une sensualité extraordinaire. La 11e variations de l’opus 3 à la limite de la note blanche, le statisme envoûtant du Second Prélude op.1 synthétisent la teneur de ce récital qui est un miracle d’émotions. Nous sommes bien arrivés aux limites extrêmes du romantisme, lorsque le piano s’enchante lui-même et se perd dans ses propres parfums. Il y a dix ans, Corinne Kloska (Soupir) nous offrait un récital d’une hauteur de vue comparable. Voici un nouveau joyau. Pourquoi entendons-nous si peu de Szymanowski en concert ? Mystère".
Stéphane Friédérich/"PIANISTE".