Françoise Groben nous a quittés le 28 mai 2011. Cette intégrale constitue en quelque sorte son testament musical, nous permettant de continuer à partager cette interprétation magistrale !
Ce n'est qu'en 1880, soit vingt-sept ans après la composition d'un premier Trio avec piano en si majeur (op.8) que Brahms revint à ce genre musical. Son premier opus de jeunesse, véritable coup de maître néanmoins, ne l'avait pas incité à poursuivre dans cette voie. Peur des illustres modèles de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert et Mendelssohn, en particulier ? Crainte d'entrer dans le moule d'un univers bien connu et apprécié de tous, mais précisément trop répandu notamment parmi les interprètes amateurs ? On sait que par goût du défi et avec un soupçon de forfanterie, Brahms aimait avant tout se distinguer, surprendre ses auditoires. N'avait-il pas choisi en 1860 puis en 1865, la forme si rare du sextuor à cordes pour livrer à la postérité deux de ses plus grands chefs d'oeuvre de la musique de chambre ? Mais, bien que conscient de son talent, le musicien l'était aussi de ses imperfections comme l'est un artisan précautionneux. Un tel état d'esprit le conduisit régulièrement à remanier ses propres partitions. Le Trio op.8 ne fut pas épargné par l'exercice et la révision intégrale de la partition en 1891, de cet essai de jeunesse, eut lieu trente-sept ans après la composition de la version originale .